Comment interpréter Carmen ?
Opéra

Il y a d’abord la question de la tessiture. Longtemps Carmen a possédé une voix grave. Mais alors Maria Callas, Victoria de Los Angeles, Angela Gheorghiu, pourtant sopranos ? Regina Resnik et Régine Crespin qui furent sopranos dramatiques ? La réponse est dans la voix mixte de la créatrice, Célestine Galli-Marié. Le timbre, ses couleurs ici seront plus importants que le registre. Et d’abord toute cigarière qui se respecte doit faire que Carmen soit pleinement Carmen dès son air d’entrée, cette habanera de l’amour sorcier. Il y faut déployer un arsenal complet de « perversités » artistiques : caresses de la voix et du sourire, inflexions voluptueuses, œillades assassines, gestes troublants. Peut-être que faire de Carmen une pure émanation de l’imagination de Don José, résout le problème. Fantasmée, elle est l’obscur objet du désir et, manifestée, elle est un objet sexuel.