Carmen sans voix
Opéra

Si Carmen est devenue l’opéra le plus joué au monde, c’est sans doute parce qu’il combine souverainement le raffinement exquis de l’écriture, notamment orchestrale, avec une immédiateté des lignes mélodiques quasi graphique. Habanera, séguedille, chanson bohême s’incrustent dans nos mémoires à la première écoute, fixées pour toujours par les mots. Peut-on oublier : « Et si je t’aime, prends garde à toi ! », « Un œil noir te regarde. » ou « Jamais Carmen ne cèdera, libre elle est née et libre elle mourra ! » ? Supprimés, ils hantent encore mélodies et rythmes, retravaillées pour le piano ou le violon des grands virtuoses (Sarasate, Horowitz), transposées dans un autre univers par les formations de jazz, finalement popularisées avec désinvolture par l’orchestre de variétés. Et le plaisir est toujours au rendez-vous !